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Ripostes. Archives de luttes et d’actions (1970-1974), dirigé par Philippe Artières et Franck Veyron
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Entre le lancement du TGV, la prospérité de l’industrie et la construction des réacteurs nucléaires, la France de Pompidou a laissé le souvenir d’un pays dynamique, profitant à plein régime des Trente Glorieuses. Mais ce début des années 1970 marque aussi l’essor tumultueux d’une France contestataire, traversée par des questionnements sur un monde en mutation.
Face au présidentialisme, au patriarcat, au racisme et aux dictatures qui pullulent au Chili et même en Europe avec l’Espagne franquiste et les colonels grecs, l’heure est à la riposte ! Ce terme, alors très utilisé par une gauche revigorée par mai 68, est examiné dans toutes ses formes par une trentaine d’historiens à partir d’archives militantes du musée La Contemporaine, à Nanterre. Tracts, affiches, brochures et collages illustrent les moyens adoptés pour faire avancer les causes ouvrière, antiraciste et anti-impérialiste.
Mère des batailles, l’information est un enjeu crucial. Pour contrer une presse jugée bourgeoise et capitaliste, l’extrême gauche crée des journaux et même une agence de presse, l’APL, pour relayer ses actions et critiquer le gouvernement, qui cherche à tout prix à les censurer. La désobéissance civile gagne en popularité : des affiches antimilitaristes demandent le droit à l’objection de conscience, des brochures appellent à refuser de payer une partie de l’impôt pour financer de nouveaux modes de vie communautaires dans le Larzac, lieu emblématique des contestataires.
Un passionnant chapitre sur le militantisme explique en quoi tous ces documents s’inscrivent dans des codes graphiques précis et des mémoires fédératrices, notamment la Commune de Paris, symbole de l’insurrection citoyenne à reproduire, ou la Résistance.
Mais derrière des objectifs communs, les méthodes divisent. L’usage de la violence, rendu légitime par la brutalité du système, ne fait pas l’unanimité. À l’heure où une partie de la gauche renoue avec la normalisation de la violence révolutionnaire, Ripostes apporte par l’image une perspective historique on ne peut plus actuelle.
Par Aurélien Tillier
Ripostes. Archives de luttes et d’actions (1970-1974), dirigé par Philippe Artières et Franck Veyron, CNRS Éditions, 264 p., 29€
Note de lecture publiée dans la Revue des Deux Mondes, février 2024
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