Le cinéma, 50 ans de passion, de Nicolas Seydoux

Neuilly, 1975. Nicolas Seydoux, 35 ans, vient d’être nommé président de Gaumont. Il sait que sa tâche n’est pas aisée : la plus ancienne société cinématographique du monde est à bout de souffle, artistiquement et financièrement. Mais la soif d’aventure a eu raison de lui. Après une courte carrière dans la finance, il veut faire de son amour du septième art son métier.



Cinquante ans plus tard, Nicolas Seydoux raconte sa vie au cœur du cinéma français. Pour attirer les spectateurs et moderniser cette entreprise hostile au changement, il rénove des cinémas souvent insalubres et fait construire des complexes multisalles à travers la France. Un film doit toujours être une véritable expérience.

À la fin des années soixante-dix, alors que de plus en plus de personnes préfèrent la télévision au cinéma, la « Marguerite » parvient à susciter l’intérêt du grand public et des cinéphiles en produisant des films populaires (Flic ou voyouLa BoumLa Chèvre) mais aussi des films d’auteur, comme ceux de Maurice Pialat et de Robert Bresson. 

Cette réussite est avant tout une affaire collective. Le livre aurait pu s’intituler « Nicolas, Daniel, Alain… et les autres » tant il rend hommage aux deux producteurs emblématiques de Gaumont : Daniel Toscan du Plantier, le directeur général, esprit rebelle qui n’a pas peur de prendre des risques, et Alain Poiré, plus traditionnel, à qui l’on doit les grands succès.

Nicolas Seydoux met également en lumière le rôle des acteurs, dont le talent a fait rayonner Gaumont dans le monde entier. Jean-Paul Belmondo, Isabelle Adjani, Gérard Depardieu, Isabelle Huppert ou, récemment, Omar Sy. Un seul regret : trop peu d’anecdotes et de petites histoires sur l’envers du décor…

Bien sûr, ce demi-siècle n’a pas été un long fleuve tranquille. Outre les fours au box-office, l’implantation de Gaumont à l’étranger fut par exemple un échec cuisant. C’est aussi un message d’espoir. Le cinéma a connu bien des revers et des transformations, et il en traversera d’autres. Mais, à en croire le récit de Nicolas Seydoux, la séance est loin d’être terminée.

Par Aurélien Tillier

Le cinéma, 50 ans de passion, de Nicolas Seydoux, Gallimard, 464 p., 27€

Note publiée dans la Revue des Deux Mondes, mars 2024



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