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« La crise de l’énergie est le plus gros risque pour la réindustrialisation », selon François-Xavier de Thieulloy (Bpifrance)
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François-Xavier de Thieulloy est directeur du pôle expertise à la Banque publique d’investissement (Bpifrance), où il supervise la transition énergétique et écologique, l’industrie du futur et les startups industrielles.
(Pexels / CC0)
Quel rôle la BPI joue-t-elle dans la réindustrialisation ?
Bpifrance finance, investit et accompagne. Elle soutient des startups industrielles innovantes, mais aussi des PME ou des ETI* qui veulent monter des projets industriels ou rapatrier leur production. Par exemple, il existe l’appel à projets « Première Usine » ou le prêt « Nouvelle Industrie », de 3 à 15 millions d’euros, qui laisse à l’entreprise trois ans avant de rembourser. La moitié de nos investissements va dans l’industrie, et nous accompagnons plus de 500 entreprises industrielles par an à travers du conseil et de la formation sur la compétitivité, l’export ou la stratégie.
Quel danger la crise de l’énergie représente-t-elle pour l’industrie ?
C’est le plus gros risque qui pèse sur la réindustrialisation. La situation est variée : certaines PME ont acheté leur énergie pour trois ans en janvier 2022 et sont tranquilles, d’autres ont signé en novembre 2022 et sont en difficulté. L’industrie risque une lente érosion si le gouvernement et l’Union européenne ne mettent pas en place des systèmes plus robustes pour encadrer le prix de l’énergie. En attendant, les entreprises ajustent leur activité. Habituellement, dans la terre cuite, les industriels achètent à prix fixe 80% de leur énergie pour l’année suivante et achètent les 20% restants au fil de l’eau. Aujourd’hui, un de nos clients a ralenti sa production pour n’utiliser que les 80% couverts par le prix fixe.
Quelles réussites industrielles accompagnées par Bpifrance vous a le plus marqué ?
Chamatex est un vrai succès. C’est une PME qui produit du tissu pour les chaussures de sport et a ouvert en 2021 une usine fabriquant les chaussures. L’approche était intéressante car elle impliquait les clients. Le produit a été construit avec eux et ils ont investi dans l’usine, donc ils avaient intérêt à la faire tourner. Didactic, qui fait des systèmes de perfusion, est aussi une réussite. L’entreprise les achetait en Asie et a décidé de relocaliser. Ce sont des produits techniques, car ils doivent être stériles, et leur prix d’achat en Asie était faible. Au début, je n’y croyais pas, mais ils ont travaillé et ont l’avantage de connaître le marché et d’avoir déjà des clients. L’usine doit démarrer d’ici un an.
Qu’est-ce que l’industrie 4.0 et en quoi est-elle importante pour la réindustrialisation ?
L’industrie 4.0, ou « industrie du futur » en France, est incontournable. Elle utilise les technologies modernes, comme le GPS ou l’intelligence artificielle. Par exemple, un de nos clients fabrique des chariots pour Cdiscount. Il a développé un robot mobile autonome, qui suit l’employé dans l’entrepôt. Celui-ci a les mains libres pour mettre les produits dans le chariot, ce qui diminue les coûts et augmente la compétitivité. C'est aussi un enjeu environnemental, car les usines sont plus économes en énergie.
Propos recueillis par Aurélien Tillier
*ETI : entreprise de taille intermédiaire (entreprise d'entre 250 et 4 999 salariés, dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 1.5 milliard d'euros)
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